EN CONTRADICTION TOTALE AVEC LES LOIS DU BLUES
 
   
 

Écriture & jeu:

Mise en scène :

Jeu :



Scénographie & jeu :

Lumière :

Vidéo :

Vidéo & jeu:


Joël Maillard

Vincent Bonillo

Juan Bilbeny , Piera Honegger,
Maude Lançon, Julia Perazzini ,
Miguel Québatte

Serge Perret

Jonas Bühler

Daniel Maurer

Julien Richard



 
appuyer sur > pour démarrer
Création au théâtre Arsenic, Lausanne, en avril 2008.


 

   

Un univers lisse, idéal, parfait, magique, où règne le bonheur. Le bien-être y est omniprésent, voire obligatoire. Ce « paradis » est indéfini, de même que ses occupants, dont on ne sait pas grand chose. Leur identité et la nature de leur réunion restent mystérieuses. Des indications semblent être données, mais elles sont contradictoires, il semble cependant qu’ils ne vivent pas tout à fait à notre époque, mais un peu plus tard. Par contre ce qui est sûr, c’est qu’ils sont aisés et ne manquent de rien.

Revendiquant leur « droit au malheur », ou cherchant à tromper la lassitude, ils se « mettent en scène ». En toute légèreté d’abord, car la légèreté et la futilité sont la seconde nature de ces êtres lisses et douillets.
Mais petit à petit l’angoisse, la douleur, la honte d’être des hommes gagneront cette sympathique petite équipe. D’autant plus que pour une raison qui leur échappe, ils ne parviennent plus à sortir… Cette situation est inspirée du film « L’ange exterminateur » de Luis Buñuel.

 
   
       
   
       
   
 




 
Photos de Penelope Henriod

 

 

Extraits

Juan : Elle fonctionne bien la clim, c’est agréable. Dehors, le climat, ils l’ont dans le rectum. Mais ici on se croirait dans un 5 étoiles d’un quelconque pays surchauffé du tiers monde.

Julia : Sauf que ce n’est pas un hôtel, ici.

Juan : Non. Évidemment.

Julia : Certains brûlent des arbres. D’autres en plantent derrière eux. Certain prennent la défense des animaux. D’autres les cuisinent. Quelle engeance amusante.

Juan : Pauvres gens, ils sentent la matière fécale les immerger doucement. Il l’auront bientôt au ras du cou. Ce n’est pas beau à voir.

Julia  : Camper sur nos positions, défendre notre bien-être, ce n’est peut-être pas rebelle, mais ce n’est pas rien non plus. Ici, par exemple, nous avons su préserver le désir alors que dehors les corps brûlés se frôlent avec des bruits de feuilles sèches.
… 
Julia : Dans un futur plus ou moins proche, ou contemporain, allez savoir, le monde est totalement globalisé, les ressources viennent à manquer cruellement, les places de travail aussi. La société se transforme alors en une impitoyable jungle urbaine et commerciale où, par la force des choses, les gens apprennent à devenir compétitifs, mais vraiment, ce n’est plus une formule de magazine, c’est à dire que cadeaux et gentillesses ça n’existe plus, ou si ça existe encore, c’est purement stratégique et intéressé. Mais même de ce vieux réflexe, sourire à son ennemi, l’engeance humaine est peu à peu dépossédée.
Amitié, amour, « contact humain », tout se perd en un rien de temps ; jusqu’au désir.
Or, sans amour ni désir, il est facile d’imaginer ce qu’il advient des relations sexuelles, et par conséquent de la procréation : néant pur et simple. Les mâles on dirait qu’ils ont plus de couilles et les femelles elles ont la chatte aussi sèche que des cimetières de sarrasins. Tout cela conduit donc purement et simplement l’espèce humaine au bord de l’extinction.
Contact-désir-amour-procréation : la sociabilité s’est tout bonnement perdue dans les oubliettes de l’évolution.

Juan : La vache.

Jo: En si peu de temps ?

Julia : Mais oui bien sûr en si peu de temps.
Si tu n’apprends pas à ton gosse à lire, il ne pourra pas savoir lire. Et s’il fait un gosse, il ne pourra pas lui apprendre à lire.
À grande échelle, l’humanité pourrait devenir analphabète en deux générations.
Vertigineux n’est-ce pas…
Et bien c’est la même chose pour la sociabilité.
Et pour tout un tas de chose.
Ainsi par exemple, rares sommes-nous à savoir encore nous servir d’une faux.
Pour ne rien dire de l’arc, ou de la pagaie.
… 

Juan : Alors qu’est-ce que ça veut dire tout ça ? Ces gitans joueurs d’harmonica sont-ils dans un état de délabrement mental tel que cette mélodie désespérée et désincarnée soit tout ce qu’ils parviennent à produire comme son ? Comme malgré eux ? Tellement éteints que même s’ils avaient envie de swinguer, ils n’y parviendrait pas ? Vu que la musique est le reflet de l’âme, comme on dit.
Mais alors ça la fout mal parce qu’alors, qu’est-ce que ça voudrait dire ?
Que la pauvreté est aux portes de nos supermarchés, et qu’elle produit non seulement de la misère, mais aussi de la mauvaise musique ? Grand Dieu, voilà qui serait en contradiction totale avec les lois du Blues.
…